L’atopie est une prédisposition génétique à développer une allergie. Elle se manifeste par un asthme, une rhinite allergique, une conjonctivite allergique ou une dermatite atopique. Une personne atteinte de dermatite atopique a souvent un membre de sa famille ou un de ses parents qui présente ou a présenté une rhinite allergique, un eczéma ou un asthme dans l’enfance.
La dermatite atopique ou eczéma atopique est une dermatose inflammatoire chronique évoluant par poussées et rémission qui touche 10 à 20 % des enfants et 2 à 3 % des adultes en Europe. En France, sa prévalence est estimée autour de 15% chez les enfants de moins de deux ans. L’augmentation de la fréquence dans les pays en voie de développement suggère que des facteurs d’environnement jouent un rôle majeur dans la physiopathologie de la maladie.
La dermatite atopique débute souvent chez le nourrisson, atteint essentiellement les enfants mais persiste parfois à l’âge adulte. Elle est associée à une sécheresse cutanée, mais aussi à un prurit à l’origine de troubles du sommeil qui perturbent parfois gravement la qualité de vie des patients et de leur famille.
Troubles et dérèglements à l’origine de la dermatite atopique
La dermatite atopique est une maladie multifactorielle due à l’association de facteurs génétiques et environnementaux :
1 – UNE ANOMALIE DE LA BARRIÈRE CUTANÉE
Les patients porteurs d’une dermatite atopique ont une fonction barrière cutanée défectueuse.
Des données génétiques nouvelles ont établi que des mutations du gène codant pour la filaggrine, étaient responsable d’une anomalie fonctionnelle de la barrière épidermique et multipliaient par 3 le risque de développer une dermatite atopique.
La filaggrine est une protéine de structure de l’épiderme ayant un rôle majeur dans le maintien de la qualité de la fonction barrière de l’épiderme en empêchant la pénétration d’allergènes et en maintenant un niveau d’hydratation cutanée optimal.
Crédit : Fondation Dermatite Atopique
2 – UNE RÉACTION INFLAMMATOIRE INDUITE
La pénétration dans la peau d’allergènes ainsi que des irritants chimiques externes est rendu possible par le défaut fonctionnel de la barrière cutanée ce qui est une étape clef dans la phase de stimulation de l’inflammation.
3 – LE RÔLE DE LA FLORE BACTÉRIENNE DIGESTIVE
Le microbiome digestif est l’ensemble des bactéries commensales colonisant le tube digestif est un écosystème complexe qui intervient dans la maturation du système immunitaire. Des anomalies de diversification précoce du microbiote intestinal ont été observé chez les enfants à risque atopique ainsi chez les nouveau-nés à risque d’atopie.
4 – LE RÔLE DE LA FLORE BACTÉRIENNE CUTANÉE
Le microbiome cutané du nouveau-né se constitue progressivement après la naissance à partir du microbiome de la mère. Comme pour le microbiote intestinal, il existe des différences entre le microbiome cutané des enfants atopiques et celui des enfants non atopiques. Lors des poussées de la maladie on observe une décroissance de la diversité bactérienne au profit des souches de staphylocoques.
Le diagnostic de la dermatite atopique
Le diagnostic de la dermatite atopique est très complexe car son mode d’expression est très variable selon les personnes et variable chez un individu au cours de sa vie.
Après un interrogatoire minutieux des parents qui va être fondamental, le médecin va proposer la réalisation de tests cutanés, les prick tests.
Les allergènes suspectés dans l’environnement de l’enfant vont être testés, ils seront appliqués sur son avant-bras puis grâce à une ponction dermique ils vont pénétrer sous la peau. Le test est lu au bout de 15 minutes et considéré comme positif si une rougeur et un œdème apparaissent.
Les patch tests sont également réalisés. Ils consistent à appliquer sur la peau des allergènes suspects, les recouvrir et lire les résultats au bout de quelques jours.
Après avoir établi le diagnostic de dermatite atopique, le rôle du médecin sera d’en apprécier la gravité et d’en pronostiquer l’évolution, puis de tenter d’influer cette évolution en déterminant puis écartant les divers facteurs responsables.
Les manifestations cliniques de la dermatite atopique selon l’âge
Chez le nourrisson
Les lésions débutent sur les joues et le front et au cuir chevelu, elles s’étendent sur les faces d’extension des membres et le tronc. La région du siège et région médiofaciale sont épargnés. Les lésions aiguës sont érythémateuses, toujours prurigineuses, parfois suintantes et croûteuses. Les excoriations cutanées dues au grattage sont fréquentes. Les lésions chroniques sont caractérisées par une sécheresse cutanée qui n’est cependant pas constante.
Après 2 ans
Les lésions se localisent aux plis de flexion des membres et souvent aux poignets. La lichénification (épaississement de la peau) apparaît chez le grand enfant sur les zones des plis des coudes et des genoux. La sécheresse cutanée est plus fréquente que chez le nourrisson. Un double pli sous-palpébral est souvent observé sur le visage.
Chez l’adolescent et l’adulte
Les lésions se localisent au visage et au cou et sont franchement lichénifiées sur les membres. La lichénification s’accompagne d’une hyperpigmentation de la peau (surtout sur les peaux génétiquement pigmentées).
Évaluation et gravité de la maladie
L’évaluation de la gravité de la maladie est importante pour la prise en charge thérapeutique. Plusieurs scores cliniques composites ont été validés (SCORAD, EASI, SASSAD). Ces scores évaluent des critères objectifs (intensité des signes cliniques, surface corporelle atteinte) et des critères subjectifs (qualité du sommeil, intensité du prurit).
Plus récemment, des scores destinés aux patients ont été développés et validés (PO-SCORAD, POEM). Ces scores permettent aux patients d’évaluer eux-mêmes, au cours de leur vie quotidienne, l’intensité de leur maladie entre deux visites médicales.
Pour une démonstration d’utilisation du SCORAD et du PO-SCORAD :
Les scores permettent de déterminer plusieurs grades de gravité de la maladie.
Des facteurs aggravants potentiels doivent être recherchés et éliminés : produits d’hygiène irritants, infection cutanée bactérienne ou virale, eczéma de contact (surtout en présence de localisation inhabituelle comme les paumes et les plantes), allergies alimentaires, facteurs psychologiques.